• Nov 27, 2025

Coupure hivernale : ralentir intelligemment pour mieux performer (sans tout perdre)

  • Chloé M. Naturopathe
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Par Chloé Monsigny - Naturopathe sportive & massages sportifs (Verdun)

On parle beaucoup de “coupure hivernale”, mais souvent sans réelles explications.
Pour certains, c’est un mois d’arrêt total. Pour d’autres, c’est un prétexte pour s’effondrer après y être allé trop fort toute l’année. Pour quelques sportifs, c’est même source de stress : “je vais perdre mon niveau”.

En réalité, la coupure hivernale, ce n’est ni un abandon, ni une régression, ni un mois off sur le canapé.
C’est un outil de performance.
Mais seulement si tu la fais intelligemment.

Aujourd’hui, on va voir exactement :

  • pourquoi ton corps a besoin de ralentir,

  • pourquoi l’arrêt total est une mauvaise idée,

  • ce que dit la science du désentraînement,

  • comment faire une coupure utile,

  • et pourquoi si tu arrives à l’hiver épuisé, c’est que ta saison était mal construite.

Let’s go.


❄️ 1. Pourquoi ton corps t’invite naturellement à ralentir en hiver

Décembre, c’est comme un signal biologique ancestral.
La lumière baisse → mélatonine augmente → ton corps te pousse au sommeil.
La température baisse → ton métabolisme change → tu digères mieux chaud.
Le système nerveux ralentit → tu as moins d’énergie pour “pousser”.

C’est normal.
C’est physiologique.
C’est même sain.

L’hiver est une saison de réserve :

  • le corps répare,

  • recharge,

  • reconstruit,

  • remet de l’ordre dans les hormones du stress,

  • apaise le système nerveux.

Le problème ?
On s’y oppose.
On force.
On continue comme en septembre.
On se dit que “ce n’est pas le moment de lâcher”.

Sauf que tout ce qui vit autour de toi, la nature comprise, ralentit.
Et toi, tu n’es pas différent.


🔥 2. Le vrai problème : si tu t’écroules en hiver… c’est que tu t’es épuisé toute l’année

Soyons clairs :
👉 Un sportif qui a géré son année intelligemment ne devrait pas arriver à la coupure hivernale au bout du rouleau.

Si tu termines l'année difficilement, ce n’est pas parce que “l’hiver fatigue”.

C’est parce que :

  • tu n’as pas récupéré assez,

  • tu as trop enchaîné,

  • tu as négligé les signaux,

  • tu n’as pas eu de semaines de décharge,

  • tu n’as pas respecté ton système nerveux.

Ce n’est pas normal d’être à bout en décembre.

Un entraînement bien construit inclut toujours :
✔ des jours off réguliers
✔ une semaine cool après chaque gros objectif
✔ des semaines de décharge programmées
✔ des routines de récupération nerveuse
✔ du massage pour décharger les tissus et réguler le système nerveux
✔ une gestion intelligente de l’intensité

La récupération fait partie de l’entraînement.
Sans récupération → pas d’adaptation.
Sans adaptation → blessure, surmenage, perte de motivation, baisse d’énergie.


🔬 3. Pourquoi l’arrêt total n’est PAS une bonne idée (merci la science)

Oui, ton corps a besoin de ralentir.
Mais stopper complètement pendant 3 à 6 semaines, c’est la pire stratégie, surtout en endurance.

Les recherches montrent que dès les 2 à 3 premières semaines d’arrêt complet, le corps :

  • perd une partie de sa capacité à produire de l’énergie,

  • régresse au niveau mitochondrial,

  • utilise moins bien les glucides,

  • voit ses fibres d’endurance “désadapter”,

  • baisse en VO₂max,

  • perd un peu de force,

  • diminue en efficacité cardiovasculaire,

  • et même en densité capillaire.

Et ça, que tu le “sentes” ou non.

La physiologie est claire :
👉 l’absence totale de stimulation entraîne une perte des adaptations que tu as mis des mois à construire.

Le but de la coupure hivernale n’est donc pas d’arrêter totalement.
C’est de tout ralentir, en gardant une seule stimulation intelligente qui empêche le corps de régresser.


❄️ 4. Alors comment faire une coupure hivernale intelligente ?

Voici ce que je recommande à tous mes sportifs (et ce que j’applique moi-même).

✔ 1) Une vraie semaine OFF (totale)

Tu coupes tout.
Le système nerveux expire.
Les tissus soufflent.
La tête respire.

C’est indispensable.

✔ 2) Puis : mouvement doux + 1 séance intense / semaine

L’objectif = ne pas perdre les adaptations.

On reprend avec :

  • marche

  • yoga

  • mobilité

  • vélo cool en Z1

  • footing plaisir

  • renfo léger

  • massage sportif / détente profonde

  • automassage

  • respiration lente

Et 1 séance d’intensité par semaine.
Pas deux.
Pas trois.

Une seule suffit à maintenir une grande partie :
→ du VO₂max
→ de la capacité oxydative
→ du fonctionnement mitochondrial
→ des fibres lentes

C’est validé par toutes les études sur le désentraînement.

✔ 3) Soutiens ton système nerveux

On sous-estime le rôle du système nerveux dans la performance.

En hiver :

  • cohérence cardiaque

  • box breathing

  • méditation de 5 min

  • diminution de la charge mentale

  • rituels calmes

  • massages (décharge nerveuse + action parasympathique)

  • sommeil augmenté

Plus ton système nerveux se repose, plus ton corps se reconstruit vite.

✔ 4) L’alimentation chaude = ton meilleur allié

Soupe, bouillons, légumes rôtis, plats mijotés, légumineuses…
Tu économises ton énergie digestive et tu stabilises ta glycémie.
Ton humeur te dit merci.

✔ 5) Le petit bilan malin

Pas un audit Excel.
Juste :

  • ce qui t’a fait progresser,

  • ce qui t’a ralentit,

  • ce que tu ne veux plus,

  • ce que tu veux retrouver en 2026.


🆚 5. Coupure choisie vs coupure subie

J’ai connu les deux.
La coupure forcée (blessure, fracture de fatigue, douleur qui explose) → c’est le corps qui dit “stop, tu m’as ignoré trop longtemps”.
La coupure choisie → c’est intelligent, stratégique, adulte.

Tu choisis d’arrêter avant de casser.
Tu contrôles ton repos.
Tu contrôles ta saison.


🔥 6. L’hiver n’est pas un frein : c’est un tremplin

La coupure hivernale bien pensée, c’est :
❄️ 1 semaine off
❄️ + 3 semaines (ou plus) douces
❄️ + 1 séance d’intensité / semaine
❄️ + récupération nerveuse
❄️ + alimentation chaude
❄️ + massage régulier
❄️ + bilan intelligent

= tu ne perds rien
= tu récupères
= tu reconstruis
= tu repars plus fort pour 2026

Tu ne ralentis pas pour t’arrêter.
Tu ralentis pour durer.

Et ça, c’est la marque des sportifs intelligents.


📚 Sources scientifiques

  • Wibom R., Hultman E., et al. (1992). Muscle metabolic responses to detraining : reduction of oxidative capacity and GLUT-4 content.

  • Chi M.M.-Y., et al. (1983). Effects of detraining on oxidative properties of type I muscle fibers.

  • Henriksson J., Reitman J. (1977). Changes in VO₂max and oxidative enzymes with training and detraining.

  • Coyle E.F., Martin W.H. III, et al. (1985). Time course of loss of adaptations after cessation of endurance training.

  • Moore R.L., Thacker J. et al. (1987). Physiological adaptations to endurance training and their reversal with detraining.

  • Querido J.S., et al. (2021). Two weeks of detraining reduce VO₂max, stroke volume and muscle force in trained individuals.

  • Revue scientifique (2023). Detraining in endurance athletes : structural, mitochondrial and metabolic regressions.

  • Revue endurance (2022). Loss of VO₂max and aerobic capacity after short-term training cessation.

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